Elle est né un jour comme un autre dans la vie, un jour parmi d'autres dans l'année, allez disons un soir de May.
A sa vue, son père blêmit, songeant déjà à la fortune à dépenser pour l'élever, à la difficulté à venir pour lui trouver un mari, au risque potentiel de déshonneur qui lui est lié , attribué.
Sa mère, une fois accouché, est d'abord tout à sa joie de voir son si beau bébé, cet ange sans ailes, aux yeux fermés, cette petite boule de chair avenir de l'humanité, si fragile , si dépendante, qu'on a peur de la tenir , de la casser.
Heureuse et positive à la fois , elle se voit déjà jouer à la poupée vivante avec sa fille, une poupée qui parle qui dit papa maman, que l'on habille à sa guise, avec ce que l'on sous la main, ce qu'on récupère ou ce que l'on vous donne , peu importe .
La petite fille va grandir , va compenser gratuitement l'absence d'aide ménagère, avec tout l'amour de l'univers en échange d'un sourire ou approbation maternelle et paternelle.Un vrai bonheur.
Elle lui apprendra aussi la cuisine et la couture, l'enverra même à l'école apprendre à lire et même obtenir un diplôme pour augmenter ses chances de trouver un mari qui veuille bien l'acquérir à moindre coût, malgré ses innombrables tares, sa beauté fatale, sa docilité sans faille, son insignifiance de taille, son silence racaille, sa connaissance en braille.
En attendant ce jour béni de la seule vraie délivrance, la liberté de déposer ce fardeau fait chair, elle cultivera ou entretiendra ses qualités d'esclave.
Esclave de ses parents dans un premier temps qu'elle doit satisfaire par tous les moyens dont elle dispose: les bonnes notes à l'école, son salaire si elle travaille, son labeur si elle a la santé , ses conseils sages avisés et gratuit si elle a l'intelligence de ne pas en revendiquer la paternité.
N'est ce pas exactement ce que son mari attend d'elle , une fois qu'il lui a payée sa dot dont la principale vertu est de la rendre licite.
Ah , ce mari des mille et une nuit dont elle rêve chaque nuit depuis l'age de la puberté.
Sa mère lui a dit qu'il subviendrait à tous ses besoins, l'aiderait à se réaliser, dans le respect, dans la limite ou elle même le respecterait.
Qu'il ferait son bonheur ,et dans la mesure ou elle s'acquitterait de son , ses devoirs envers lui , la rendrait heureuse ...heureuse comme un femme.
Vivement le bonheur, ce rêve dans la réalité.
Et son vœux s'exauça comme celui de toutes les jeunes filles rêveuses avant elle.
Son père était fier comme un paon que sa fille ait trouvé preneur.
Sa mère plus philosophe était soulagée et tout compte fait ravie que pour sa fille aussi, la vie continuait, de la même manière.
Reine d'un soir, fantasme d'une nuit, elle connut comme toutes ses consœurs depuis l'aube de l'humanité son heure de gloire, cette promotion suprême d'être la femme d'un homme.
L'aube du jour naissant la ramena a des réalités plus terre à terre.
Se marier c'est être intelligente pour deux, savoir pour deux, développer des dons de télépathie, être constamment dans l'anticipation, tout prendre sur soi, s'effacer devant la loi du plus fort, renoncer à tous ses droits, du droit à l'erreur à celui de l'humanité.
Être épouse ou épousée c'est s'incliner devant la belle mère , souveraine de la maison de son fils, sur qui elle a tous les droits, la servir sans souffrir, sans se révolter, accepter d'être étrangère dans la maison de son mari : la famille est une question de sang....purement et simplement...religieusement.
Ou est ce bonheur attendu.
Lui aurait-on menti ou est-elle la seule à vivre ainsi, à n'avoir rien compris au bonheur, au mariage, à la vie, la famille, les parents, les maris?