Le retour de la femme au foyer, c’est tendance. Les ouvrages vantant les mérites de la mère aux fourneaux fleurissent depuis quelques années déjà. Les femmes universitaires se laissent séduire par l’appel du «home sweet home». Qu’ont-elles fait de leur bachelor, master et autre doctorat?
«En 2008, elles étaient 15%» à l’avoir jeté aux orties. Soit 52 000 en chiffres absolus. C’est en effet le nombre de femmes ayant achevé des études de type universitaire (HES, EPF et HEP incluses) qui ne travaillaient pas l’année dernière en Suisse. Pas même à temps partiel. En comparaison, le taux des femmes sans activité professionnelle est de 23,4%, tous types de formation confondus. Crispation dans les rangs des observateurs économiques.
Elles font baisser les salaires des femmes
Un frein à l’économie suisse, ni plus ni moins, selon Jean-Marc Falter, maître assistant au département d’économie politique de l’Université de Genève. «C’est une certitude. Même s’il serait trop délicat de chiffrer la somme qu’elles font perdre au pays. » Ce que l’on peut calculer en revanche, c’est le coût de leur formation. Une année de cours dans l’alma mater ou équivalent varie de 9000 francs (droit) à 40 000 francs (médecine) environ. Et le parcours universitaire de base dure de 3 à 6 ans selon les facultés. La facture finale est salée. Pire. Ces diplômées tirent une balle dans le pied de leurs semblables. «Les femmes sont encore amenées à faire le choix de travailler moins ou pas du tout, en raison de la politique familiale déficitaire en suisse. Et c’est précisément un des éléments qui expliquent la différence de salaire entre hommes et femmes. » Comment cela? Ne sachant pas si son employée va lui faire faux bond – pour cause de maternité – le patron ne va pas trop «investir» dans sa carrière, note Jean-Marc Falter. «Il hésitera notamment à lui proposer des cours de formation continue, qui accroissent la valeur d’un professionnel. Ou à l’encourager par une augmentation.»
Comment l’éviter?
L’Académie suisse des sciences médicales a carrément sonné l’alarme l’an dernier. La part des étudiantes en médecine dépasse celle des étudiants, avec 57%. Mais la proportion de femme médecins en activité n’est que de 32%. Cherchez l’erreur!
Le Bureau de l’égalité des chances de l’EPFL tente de prévenir cette désaffection. «Nous préparons les futures ingénieures à leur entrée dans la vie active», indique la responsable Farnaz Moser. Les étudiantes ont la possibilité d’entrer en contact avec des femmes déjà insérées dans l’industrie ou les milieux académiques. Celles-ci présentent leur parcours et leur façon de concilier vie professionnelle et familiale. Plusieurs projets de mentorat sont également en cours. «Cela permet d’éviter les surprises», constate la déléguée à l’égalité.
Retrouver un emploi? Galère pour les universitaires
Même si elles sont satisfaites de leur choix, les femmes sans emploi prennent un grand risque pour leur sécurité financière, explique Françoise Piron. «Environ 50% des mariages se soldent par un divorce. Favoriser uniquement la carrière du mari me semble très périlleux. C’est le syndrome de Cendrillon», observe la directrice de Pacte, association professionnelle visant à favoriser l’accès des femmes à des postes à responsabilité.
Les statistiques ne disent pas quelle est la durée de la période d’inactivité des femmes universitaires . Mais à supposer qu’elles désirent un jour se réinsérer dans le monde du travail, la tâche sera ardue.
Quelques années pour être larguée
Françoise Piron en sait quelque chose. Elle anime des rencontres bimensuelles destinées aux femmes qualifiées désireuses de remettre le pied à l’étrier. Sans avoir gardé contact avec le monde professionnel, il suffit de quelques années pour être complètement larguée. «A la fois en ce qui concerne l’évolution des métiers et le réseau, précise Françoise Piron. Or 80% des cadres ne sont pas recrutés sur annonce mais grâce aux relations. » Il est ainsi plus aisé de retrouver un job dans les métiers requérant moins de qualifications.
Alors, travail ou famille? Si la proportion d’ universitaires non actives a baissé de 6% depuis 1996, c’est parce qu’elles optent toujours plus pour du temps partiel. 55% ont choisi ce compromis en 2008. Mais là encore, elles prennent un risque, selon Françoise Piron. «La plupart travaillent à moins de 60%. Ce qui les empêche souvent de se hisser dans la hiérarchie. » C’est d’ailleurs ce que confirme une étude de l’Office fédéral de la statistique.
De quoi avoir envie de retourner à la maison…?!
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