l’imagination ! On découvre de plus en plus des animaux qui sont capables de petites prouesses de logique au point que notre intelligence ne semble pas aussi extraordinaire en fin de compte. Prenez cette vieille fable d’Ésope (qui a inspiré Jean de la Fontaine) :
« De la Corneille et de la cruche.
La Corneille ayant soif, trouva par hasard une cruche où il y avait un peu d’eau ; mais comme la cruche était trop profonde, elle n’y pouvait atteindre pour se désaltérer. Elle essaya d’abord de rompre la cruche avec son bec ; mais n’en pouvant venir à bout, elle s’avisa d’y jeter plusieurs petits cailloux, qui firent monter l’eau jusqu’au bord de la cruche. Alors elle but tout à son aise. »
Il s’avère que ces animaux sont dotés de capacités cognitives époustouflantes pour leur gabarit : on a pu vérifier que ces oiseaux sont capables d’utiliser des outils, de planifier l’avenir et l'on se demande s’ils ne sont pas capables de comprendre ce que les autres pensent. À propos de cette fable, on avait pu vérifier que ces oiseaux peuvent apprendre à mettre des cailloux dans l’eau pour récupérer un ver qui les nargue à la surface. Ce problème était à leur portée à partir du moment où les oiseaux avaient compris la mécanique de base.
Et les enfants ? On a répliqué ce genre d’expériences auprès d’enfants de 4 à 10 ans. 80 enfants ont participé à différents « jeux » et la motivation était que le jeton leur permettait d’avoir des cartes à collectionner (type Pokemon ou Panini) dont ils raffolent.
La première expérience consistait en deux tubes : l’un avec de l’eau et l’autre avec du sable (mettre des cailloux dans du sable ne fait pas grand-chose pour le niveau…). La seconde était similaire, mais deux objets étaient présents : des bouchons (qui flottent et donc ne font pas monter le niveau) et des cailloux. La troisième était bien plus subtile : trois tubes cette fois et de différents diamètres. Sauf que dans ce cas, la partie inférieure des tubes était cachée et connectées et on ne voyait pas bien par conséquent la relation causale en jeu.
C’est là où cela devient très intéressant.
« Mmmmmh, soit c'est complètement idiot, soit très innovant... »
Figurez-vous que les oiseaux intelligents comme la corneille s’en tirent bien aux deux premières épreuves « logiques ». En revanche, ils échouent complètement à la troisième tandis que les enfants (en général) ont tâtonné jusqu’à comprendre qu’en jetant les cailloux dans un des tubes larges, qui est relié au tube étroit où se trouve le jeton convoité, le niveau de ce dernier peut alors subséquemment monter.
Les enfants ne comprenaient pas le mécanisme, mais arrivaient à leur fin. Les oiseaux ont donc réussi, par essais-erreurs, à comprendre une relation causale claire dans les deux premières expériences. Devant la troisième, les oiseaux étaient déconcertés ; la tâche leur semblait irréalisable. Les enfants, eux, ont tenté même ce qui était contre-intuitif. C’est pour cette raison qu’ils adorent d’ailleurs tout ce qui est « magique » et qu’ils croient tout ce qu’on leur raconte comme histoires abracadabrantes.
Alison Gopnik est une experte en développement infantile à l’université de Californie et pense que cette étude montre que les oiseaux ont un sens développé de la logique. Les enfants ont un cerveau « pâte à modeler ». Tout ou presque est de l’ordre du possible.
MORALE DE LA FABLE ETENDUE : Un oiseau est adapté à apprendre sur ce monde. Un enfant est adapté à apprendre dans tous les mondes possibles.
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